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Nord de la Provence

18 au 31 mai 2012

Notre nouveau jouet, une moto Honda 125cc
Avant de poursuivre notre périple en Provence, nous faisons un petit crochet sur Montpellier pour prendre possession de notre nouveau jouet, une moto Honda 125cc toute neuve que nous pourrons ranger dans la soute garage. Cela faisait longtemps qu'on en rêvait mais différentes technicalités (style permis de conduire français et assurances) nous en avaient empêchés jusqu'à ce jour mais voilà que tout est réglé et que la moto, que nous avions choisie avant que la visite du Lac St-Jean n'arrive, est livrée chez le concessionnaire Honda et n'attend que nous. Réal installe des crochets au plancher de la soute pour bien amarrer la moto avec des tendeurs à cliquet, il achète une rampe pour la monter et voilà, le tour est joué, nous partons à la découverte du nord de la Provence, tout contents comme des jeunes qui achètent leur première moto.

Notre moto rangée dans la soute garage du camping-car
Avant d'en faire l'achat, nous avions examiné différentes options, à savoir scooter ou moto, dans la soute garage ou sur un support extérieur ou une remorque mais finalement nous avons choisi l'option moto-soute garage. Cela nous permet de la transporter en toute sécurité, de garder les vélos sur le porte-vélo extérieur et aussi d'éviter l'encombrement d'une remorque. Ce n'est pas du calibre de la BMW 1000 que Réal a déjà eue dans son «jeune temps» mais, pour nous balader tranquillement sur les petites routes de campagne et surtout nous arrêter partout quand on veut prendre une photo, ce sera parfait... enfin, l'usage nous le dira, vivement la Provence pour l'essayer...

Réal à Châteauneuf-du-Pape
Notre bon ami Jacques qui connaît très bien le coin nous a aiguillés sur les plus beaux sites à visiter, les plus belles balades à faire dans le coin, on l'en remercie beaucoup, quel magnifique pays ! À tout seigneur, tout honneur, nous avons débuté par la région de Châteauneuf-du-Pape en Vauclu-se : le village, les ruines du château sur la colline, le musée du vin et, évidemment, quelques bonnes caves nous ont fait découvrir ce terroir si particulier. L'AOC (appellation d'origine contrôlée) Châteauneuf-du-Pape regroupe 320 vignerons et 13 cépages.

Vignes de la région de Châteauneuf-du-Pape
Très intéressant aussi de voir les vignes plantées dans un sol très caillouteux...

À prime abord, on se dit qu'il s'agit d'un sol pauvre, mais non, au contraire, ces pierres qui recouvrent le sol permettent de garder, la nuit venue, la chaleur accumulée durant le jour et ainsi à la vigne de profiter d'un climat exceptionnel.

De même, le fameux mistral qui souffle si fort parfois est bénéfique car il fait s'envoler tous les insectes nuisibles qui se seraient accrochés à la vigne. Ah la nature, elle sait si bien faire les choses quand on la laisse faire... !

Théâtre antique d'Orange
Un petit saut à Orange nous replonge dans le monde romain. Le fameux Théâtre antique, édifié sous le règne d'Auguste, est le seul qui ait gardé son mur de scène pratiquement intact. Long de 103 m et haut de 36 m, il est en effet assez imposant. On dit que Louis XIV l'avait qualifié de «plus belle muraille du royaume». Le théâtre pouvait contenir 7 000 spectateurs; une exposition multimedia nous fait revivre le théâtre avec ses décors, statues et colonnes de marbre, ses mosaïques et nous donne une idée des spectacles qui y étaient présentés du temps des romains soit des tragédies mais aussi beaucoup de comédies et farces pour amuser le peuple (comme aujourd'hui quoi !).

Arc de triomphe d'Orange (20 av. J.-C.)
L'autre attrait d'Orange, c'est son Arc de triomphe, construit vers l'an 20 av. J.-C.

Remarquable par ses dimensions (19 m haut, 20 m large), le 3e par sa taille des arcs romains qui nous soient parvenus, c'est surtout l'un des mieux conservés. Véritable porte de la cité, il s'élève à l'entrée nord d'Orange, sur la via Agrippa qui reliait Lyon et Arles.

Pont romain de Vaison-la-Romaine
Et, tant qu'à y être, nous poursuivons notre route dans le monde romain, à Vaison-la-Romaine, à une cinquantaine de km au nord-est d'Orange. Un coup de cœur ! Pas tant pour ses vestiges gallo-romains que pour sa vieille cité médiévale de l'autre côté de l'Ouvèze. Traverser le Pont romain, vieux de 2000 ans, c'est comme entrer dans une autre époque; on dit qu'on quitte Vaison-la-romaine, la ville basse antique pour entrer dans Vaison-la-romane, la ville haute médiévale. En franchissant une porte fortifiée, on atteint la Place du Poids, dominée par un beffroi et son campanile de fer forgé. Les remparts qui entourent la ville médiévale ont été en partie édifiés avec des pierres provenant de la ville romaine. En marchant au hasard des ruelles, places et placettes, on découvre de jolies fontaines, d'anciennes demeures en pierre chaleureuse, partout de la beauté. Du parvis de l'ancienne cathédrale, on a une vue magnifique sur l'Ouvèze qui coule en contrebas, sur la colline de la Vierge noire en face et sur le fameux mont Ventoux (1912 m) qui nous accompagnera tout le long de notre séjour dans le nord de la Provence.

Dans une des «Dentelles de Montmirail»
Mais, sur les premiers contreforts du Ventoux, plus près de nous, notre regard se porte sans cesse sur la silhouette des sommets déchiquetés des Dentelles de Montmirail. Ce massif s'étire sur une dizaine de kilomètres entre Vaison-la-Romaine au nord et Beaumes-de-Venise au sud tandis qu'à l'est et à l'ouest des villages aux noms évocateurs et plus pittoresques les uns que les autres le ceinturent : Malaucène, Veaux, Entrechaux, Crestet, Gigondas, Sablet, Séguret, Lafare et Suzette. Nous passerons quelques jours de pur bonheur à sillonner en moto et à pied tout ce périmètre. Les Dentelles, nous les aurons vues sur toutes leurs coutures ! Nous avons même atteint en moto puis en rando le col du Cayron et nous avons emprunté le sentier que les grimpeurs utilisent pour atteindre le pied des Dentelles et débuter leur escalade. Nous avons pu «toucher» les Dentelles et même se hisser au niveau des fenêtres qui percent la paroi et qui, de loin, ne semblaient accessibles qu'aux plus téméraires grimpeurs !

Gigondas
Le temps semble s'être arrêté dans tous ces petits villages. Souvent situés sur une colline, pour mieux se protéger, au pied d'un château plus ou moins en ruine et au milieu des vignes, chacun a son caractère et son charme particulier. On ne se lasse pas d'admirer «ces vieilles pierres» témoins d'une histoire souvent bien mouvementée. Une chapelle, un clocher, une fontaine, un café, un jardin, des volets clos, un banc, un beffroi, un donjon, une vigne, un rosier, un chat, une vieille dame... le tout baigné de soleil, c'est la magie de la Provence !

Un peu plus au sud, toute la région entre Carpentras et Venasque nous a aussi comblés ! Venasque, c'est la capitale de la cerise ! C'est ici qu'est cultivée ce qu'on appelle chez nous, la cerise de France ! Et, heureusement pour nous, c'est la saison et les cerisiers sont chargés de fruits, ils ploient littéralement sous leur charge ! Miam, miam, nous nous sommes bien régalés !

En moto dans les Gorges de la Nesque
À l'est de Venasque, nous faisons une belle rando en moto dans les pittoresques Gorges de la Nesque, une minuscule rivière aux parois escarpées, presque verticales. Le rocher du Cire (872 m) qui domine la gorge est tout à fait majestueux ! Au retour, quelques arrêts au hasard des petits villages que nous rencontrons nous font faire de belles découvertes. D'abord, Monieux, tout en terrasses, qui domine la Nesque et qui nous offre des petites rues médiévales tout à fait charmantes.

Méthamis, village haut perché
Puis, c'est Méthamis avec son église haut perchée qui nous attire. On laisse la moto au village, on grimpe à l'église qui est malheureusement fermée. La vieille dame qui habite l'ancien presbytère nous dit qu'elle a les clés si on veut visiter... bien sûr qu'on veut... on en profite pour discuter avec elle de la vie calme et sereine qu'elle a dans ce coin plutôt isolé, du mistral qui souffle parfois très fort ici, du patois provençal qui ressemble parfois a de l'espagnol mais qui est difficile à apprendre... finalement l'église était belle mais la dame bien plus intéressante !

Le soir, on dort «chez l'habitant» à Mallemort, on appelle ça ici «France Passion». Un agriculteur ou un viticulteur, par exemple, offre gratuitement aux camping-cars un stationnement pour la nuit et aussi souvent des services, tels le plein d'eau et la vidange des eaux usées. En retour, le camping-cariste peut acheter les produits de la ferme mais c'est sans obligation aucune. Bien installés pour la nuit au milieu des cerisiers et des vignes, nous sommes repartis deux jours plus tard tout heureux avec du jus de raisin, de l'huile d'olive, des confitures de cerise et du vin ! Un bel échange et une belle rencontre avec une famille très sympa dont l'ainé, en visite chez ses parents, travaillait dans un centre de recherche à Washington !

Porte et Chapelle Notre-Dame à Pernes-les-fontaines
Pernes-les-fontaines, un arrêt bien sympathique ! Nous n'avons pas vu les 40 ( !) fontaines du bourg mais, sans les chercher, nous en avons rencontrés facilement une quinzaine ! Comme dans tous les autres petits villages provençaux, il y a, à Pernes, un château, un donjon, une tour de l'horloge, une église gothique, des remparts et des portes mais ce qu'il y a de plus surprenant, c'est que c'est partout différent, qu'on ne se lasse pas et qu'on a toujours du plaisir à déambuler tranquillement dans ces petits villages à l'allure médiévale... ! De Pernes, outre ses fontaines, on se rappellera surtout la Porte Notre-Dame et sa chapelle, construite sur le pont au dessus de la Nesque. Quel endroit merveilleux pour les photos au coucher de soleil ! Il y a aussi, le château et la belle vue depuis les remparts. Et que dire de l'hôtel de ville, cet ancien palais des ducs de Brancas et sa fontaine de l'Ange ? Encore de la beauté !

Fontaine devant la cathédrale St-Siffrein de Carpentas
Carpentras, juste un peu au nord de Pernes, est une plus grande ville (28 000 habitants). Nous avons malheureusement manqué son fameux marché du vendredi mais nous avons fait une belle balade dans la ville. Une déception toutefois pour Lucie... la cathédrale de St-Siffrein (encore un nouveau saint pour nous !) était fermée et elle n'a pu voir ce qui devait constituer le «clou» de la visite de Carpentras, le Saint-Mors ! La mère de l'empereur romain Constantin aurait fait forger un mors pour le cheval de son fils avec un clou de la croix du Christ. Conservé à la cathédrale Ste-Sophie de Constantinople, le saint mors disparut lors du pillage de la ville par les croisés en 1204, pour réapparaître en 1260 à Carpentras, dont il devint l'emblème !

Carpentras abrite aussi une synagogue depuis le 14e siècle. Elle aussi fermée lors de notre passage, on en profite toutefois pour vous raconter une tranche d'histoire qu'on a retrouvée dans plusieurs villes autour d'Avignon, celle des Juifs du Pape. Rappelons qu'Avignon a été une ville papale durant près de 100 ans, 9 papes s'y succédant au 14e siècle. «Chassés de France à plusieurs reprises du 12e au 14e siècle, les Juifs se réfugièrent en terres papales, où ils étaient en sécurité et bénéficiaient de la liberté de culte. Avec Avignon, Carpentras abrita une importante communauté juive dans un quartier qui ne devint ghetto qu'à la fin du 16e siècle : la «carrière», rue de 80 m de long que l'on fermait chaque soir et où vivaient plus de 1500 personnes astreintes au port du chapeau jaune. À dater de cette époque, les juifs ne furent plus autorisés qu'à exercer certains métiers tels que l'usure ou la friperie. Ce ghetto ne fut aboli qu'à la révolution.»

Hervé et son fameux gigot d'agneau à Tulette
Comme c'est le cas à chaque fois lorsqu'on quitte une région, on se dit qu'il y aurait encore beaucoup à voir ici mais bon, il faut avancer... nous avons toute la vie devant nous, mais elle passe vite alors... changeons de décor ! Toutefois, avant de partir, il nous reste une dernière chose à faire dans le coin, une recommandation de notre ami Jacques... ne pas manquer le gigot d'agneau cuisiné par Hervé à la Boucherie-Traiteur Chez Georges à Tulette. Il nous avait dit : «Ce sera le sommet gastronomique de votre séjour en Provence !» Eh bien, il a eu raison ! Nos papilles s'en rappellent encore ! Accompagné de petites pommes de terre rissolées, ce fut un pur régal ! On en a aussi profité pour goûter quelques spécialités du coin dont la «caillette», un mélange d'épinard cuit et de porc, succulent, et quelques fromages bien goûteux dont un chèvre... miam, miam !